La batterie allemande

La batterie allemande de 155 mm

 

 

1940 - 1944

L'occupation militaire allemande

 

Il n’est sans doute pas inutile de rappeler les circonstances dans lesquelles cette batterie sera installée sur le Mont Canisy.

Le repli, sur l’Est de Caen, à partir du 16 juin 1940, de la 1ère division légère d’infanterie, commandée depuis six jours par le général de CAMAS, chargé d’assurer la défense du secteur Cabourg-Troarn et la surveillance de la région d’Honfleur, en liaison avec le capitaine de vaisseau LEMONNIER devenu, depuis peu, responsable du secteur côtier au sud de la Seine, laissa la place aux premiers éléments motorisés allemands.

Ces éléments appartenaient aux bataillons de reconnaissance des 6 et 7ème ‘’Panzer Grenadier Regimenten” de la 7ème “Panzer Division”, commandée -déja, par le Generalmajor Erwin ROMMEL. Le gros des forces de cette division blindée allemande se dirigeait vers Cherbourg depuis St-Valéry en Caux via Evreux et l ‘Aigle.

Succédant aux troupes d’invasion, ce sont près de cinq divisions d’infanterie allemandes d’occupation que le Pays d’Auge connaîtra pendant quatre années.

Si la première division d’occupation reste encore à déterminer (il devait s’agir, probablement de la 223.I.D), il est confirmé que la 170.I.D. occupa la région jusqu’en janvier 1941, la 225.I.D. lui succéda jusqu’en juin 1941. De juin 1941 à janvier 1942, ce fut au tour de la 332.I.D. : c’est à cette époque que les premières constructions côtières allemandes virent le jour. Ces dernières furent d’ailleurs largement renforcées sous l’action de la 711.I.D. qui fit retraite en août 1944, face à l’avance alliée.

La division d’infanterie d’occupation avait pour mission de tenir militairement un secteur déterminé et de s’opposer à un débarquement d’hommes et de matériels. Mais son artillerie restait insuffisante pour interdire aux navires ennemis de croiser au large ou de s’approcher de la côte. En effet, depuis l’établissement des divisions d’occupation, l’artillerie régimentaire aligna, au plus fort de leur capacité, huit batteries de quatre pièces chacune. Disposées entre Cabourg et Trouville sur des positions en terrassements ou faiblement bétonnées, ces batteries ne disposaient que d’une faible portée, équipées de quatre 76,2 d’origine russe (10,1 km) ou de quatre 155 courts d’origine française (11,9 Km). Ces faibles portées ne permettaient pas de riposter contre les navires de guerre dont les portées pouvaient dépasser allègrement les 20 Km.

Le rôle de ces batteries d’artillerie régimentaire, aux faibles portées, se résuma à battre les quelques kilomètres face au rivage contre de petits bâtiments ou barges de débarquement qui, éventuellement, se présentaient.

C’est dans ce contexte qu’un groupe de trois batteries d’artillerie côtière de l’armée de terre allemande fut mis en place en 1941, pour palier à la faiblesse de l’artillerie des divisions d’occupation.

Indépendantes des mouvements et changements de divisions, les trois batteries du groupe furent chacune, Théoriquement, équipées de six canons de 155 mm long St-Chamond, modèle 1916, dont la portée était de 20 km. Une quatrième batterie compléta le groupe par son arrivée, fin 1942 et fut équipée de quatre 105 mm court Schneider, modèle 1936, d’une portée de 12 km.

Une cinquième batterie d’artillerie côtière vit le jour à partir de mars 1944 : elle dépendait de l’artillerie de marine et se situait à Vasouy (9/M.A.A.266).

Le 510ème groupe d’artillerie de l’armée de terre, le H.K.A.A. 510 (Heeres. Kusten. Artillerie. Abteilung.) implanta ses quatre batteries sur les hauteurs de la région culminant entre 110 et 120 m d’altitude : la première

à Villerville, la seconde au Mont Canisy (2/H.K.A.A. 510), la troisième à Houlgate et la quatrième, plus tard, à Hennequeville.

“La 510” est restée ancrée dans la mémoire des personnes qui ont vécu cette époque, beaucoup plus que l’immatriculation suivante : en 1942, une réorganisation des unités allemandes transforma la numérotation, le H.K.A.A. 510 devint le H.K.A.A. 1255.

D’une portée de 18 à 20 km, les canons d’artillerie côtière du groupe eurent pour mission de battre la portion côtière comprise entre Ouistreham à l’Ouest, Honfleur à l’Est et le Havre au Nord. Ils étaient destinés à interdire aux bâtiments alliés de croiser et de s’approcher à portée d’ouverture de feu afin de défendre l’estuaire de Seine et les abords du Havre.

Ce groupe d’artillerie constituait le maillon le plus important de la défense côtière du Mur de l’Atlantique du Pays d’Auge. En 1944, il était commandé par le major GUNTHER.

Toutes ces batteries, qu’elles dépendent d’une division ou de la défense côtière, eurent pour mission de défendre la côte : celle-ci était jalonnée et parsemée en profondeur, de nids de résistance et de points d’appui à l’intérieur desquels les batteries étaient intégrées afin d’assurer leur propre défense contre toute attaque de troupes débarquées par air ou par mer. (texte Jean Laurent 2004)

 

1945

 

 

Le canon de 155mm long modèle 1916 était fabriqué, pour le tube par la Fonderie de la Marine Nationale à Ruelle, pour l’affût aux Forges et Aciéries de la Marine d’Harcourt. A l’origine, pièce de campagne tractée, d’un poids d’environ treize tonnes, avec une cadence possible de tir de un coup par minute, des débattements de 6° en direction et de 0° à 38° en site, elle avait une portée maximale de 21.300m, pour un obus de 43kg de poids moyen. Une dizaine de batteries du Mur en Normandie en seront équipées, dont celles de Houlgate, Villerville, appartenant au même groupe que celle de Bénerville. Pour les férus d’artillerie, car nous en rencontrons parfois pendant les visites guidées, la vitesse initiale de l’obus était de 700m/s.

 

Trois munitions étaient utilisables: l’obus explosif en acier, modèle 158, de 42,9kg l’obus en fonte aciérée modèle 17, de 44,85kg et l’obus explosif en fonte aciérée, tronqué, à fausse ogive FATO modèle 18, de 43kg. (Extrait de la brochure « Le Mont Canisy – Passé militaire du site des anciennes batteries – par Jean Laurent)

 

Reproduction du canon de 155 sur son encuvement.

 

A l'origine, un canon d'artillerie de 145 mm de l'armée Française

 

 

 

 

 


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