Libération Août 1944 |
La 1ère BRIGADE BELGE “ Brigade PIRON”
La Brigade belge du colonel Piron est la principale unité combattante alliée ayant participé à la libération de Deauville et Trouville.
Partie de Sallenelles le 17 août 1944, elle entre dans Deauville le 22 août au matin, et participe avec l'aide de la population au nettoyage de la ville sous les obus allemands, pendant les journées des 22 et 23 août 1944, au prix de plusieurs tués et blessés.
Elle entre dans Trouville, désertée par les Allemands pendant la nuit, le 24 août à l'aube, puis continue sa mission vers la Seine les jours suivants, pénétrant dans Honfeur le 25. Libérant Bruxelles en septembre, elle poursuivra l'ennemi jusqu'en Hollande où elle terminera la guerre au printemps 1945.
La Brigade Piron jouit sur la Côte Fleurie d'un prestige et d'une reconnaissance, justifiés par les sacrifices qu'elle a consentis, et le dévouement qu'elle a manifesté au service d'une cause juste et plus que nationale, la Liberté.
L'ancien pont de l'Union sur la Touques, entre Deauville et Trouville, porte depuis le nom de "Pont des Belges" en souvenir des libérateurs des deux cités, au lieu même où deux d'entre-eux firent le sacrifice de leur vie.
Historique de la Brigade Piron
La Belgique a combattu 18 jours en 1940, du 10 au 27 mai avant de capituler devant les armées allemandes. Elle est alors occupée, et son armée dissoute. Le Gouvernement belge se réfugie en France, mais décide de continuer la lutte aux côtés des Alliés. Le désordre devient général.
C'est dans ce contexte difficile et ambigu que J.-B. Piron, officier de l'année belge choisit l'indiscipline et décide de rejoindre l'Angleterre en avril 1941. Il y arrive début janvier 1942. Là, il gagne ensuite le Pays de Galles où a été créée, le 13 août 1940, l'Unité Combattante Belge au camp de Tenby, petite ville de 4.500 habitants sur le canal de Bristol. Près de 15.000 Belges seront ainsi regroupés progressivement pendant les hostilités, dont plus de 8.000 dans les forces combattantes.
L'UCB devient rapidement un bataillon d'infanterie, dont le commandement est confié en octobre 1940 au Major Cumont. Il est constitué uniquement de volontaires, et rassemble des hommes en rupture de ban, ou en désaccord avec les positions officielles. Il y a de tout : du mineur de fond à l'étudiant, du marin pêcheur au militaire, de l'évadé de guerre au fils de famille. Le ciment de cette troupe, c'est leur volonté de se battre, leur refus de la défaite et de la capitulation.
Les 18 mois qui suivent vont être consacrés à l'entraînement, à l'instruction des hommes, mais surtout à la réorganisation de l'UCB qui devient désormais un bataillon d'infanterie, entièrement motorisé, et prend le nom de "ler Groupement Belge Indépendant". Il comprend désormais :
- 3 "Motors Units" (infanterie motorisée) - 1 Groupe d'artillerie - l Escadron d'autos blindées - 1 Compagnie de Génie - 1 Etat-Major - Tous les services techniques nécessaires, en tout quelques 2300 hommes.
Le Débarquement du 6 juin 1944 trouve la brigade belge dans le Norfolk. Cet événement tant attendu leur cause momentanément une grande frustration car ils n'y participent pas.
Ce n'est que partie remise, car le 29 juillet suivant, Piron reçoit l'ordre de rejoindre la B-L-A- (British Libération Army) le plus tôt possible, et de participer ainsi à la libération de l'Europe occupée.
La Brigade Piron reçoit les mêmes missions générales que la 6e Division aéroportée, dont elle fait désormais partie :
- Prendre intacts les ponts du canal de l'Orne, de la Dives, de la Touques et de la Risle. - Neutraliser les batteries de Merville, d'Auberville, du Mont Canisy et de Hennequeville. - Contrôler les routes d'accès à l'est de Caen. - Nettoyer les plages du littoral bas-normand à partir de Merville jusqu'à Honfleur.
Calendrier de Marche de la Brigade Piron en Normandie.
Samedi 29 juillet 1944 : Ordre est donné au "Belgian Brigad Group" de se préparer à débarquer en Normandie, et de rejoindre la 6th Airbome Division.
Le premier ministre Pierlot vient saluer la brigade avant son départ.
4 août : Embarquement à Tilbury (sur Tamise) à bord de 4 transports de troupes "Liberty Ship" : Empire, Gladstone, Paul Benjamin et Henry Austin.
5 août en soirée et 6 août : Traversée de la Manche.
7 août : Débarquement à Courseulles.
Du 9 au 16 août : Zone d'attente à Douvres-la-Délivrande. Rassemblement à Plumetôt. Le 10 : réception des ordres de mission et des affectations, définition des objectifs, premières reconnaissances, mouvements vers les zones de combats, franchissement de Pegasus Bridge, relève de la 5e Brigade Parachutiste (Nigel Poett) dans le secteur Sallenelles, l'Ecarde, Amfieville.
17 août : Ordre d'exécution de l'Opération Paddle, début de la poursuite des troupes allemandes en retraite.
21 août : Entrée dans Cabourg (matin), entrée dans Houlgate (après-midi).
22 août : Entrée dans Villers-sur-Mer, entrée dans Deauville.
24 août : Entrée dans Trouville, entrée dans Villerville.
25 août : Entrée dans Honfleur.
Poursuivant l'ennemi en déroute, la brigade belge traverse la Seine, puis gagne Arras, Douai, pour entrer en libératrice le 4 septembre dans Bruxelles en liesse.
Après une semaine de repos bien mérité, la brigade est dirigée vers la Hollande, pour participer à la reconquête des régions du Limbourg, jusqu'au canal de Wessem. Elle y reste jusqu'au 17 novembre 1944 ; elle est relevée ensuite pour être reconstituée à Louvain. C'est à la suite de ces opérations en terre hollandaise que la brigade est citée à l'ordre de l'armée par le Général américain Raymond S. Mac Lain, commandant le 19e Corps US.
À Louvain on reconstitue la brigade. Les pertes ont été importantes depuis le 17 août, certaines unités ont perdu plus de 50 % de leurs effectifs, et il importe de combler les trous avec des forces vives. Ce sera fait notamment avec des jeunes issus de la Résistance belge. Une deuxième campagne de Hollande entraîne la Brigade Piron à partir de fin mars 1945, en basse Meuse et le long du bras sud du Rhin, pour nettoyer les derniers réduits défensifs allemands. C'est là que l'armistice du 8 mai la trouve.
La Brigade part ensuite occuper l'Allemagne, en Westphalie précisément, jusqu'au 15 décembre 1945, date à laquelle elle repart pour la Belgique aux fins de démobilisation.
Sumommé le "LION" par ses soldats, le Major Piron va continuer une brillante carrière qui va le conduire à de hautes responsabilités, et à gravir tous les échelons de la hiérarchie militaire. Nommé Lieutenant Général le 26 décembre 1946, il devient Commandant en Chef des Forces Belges en Allemagne et, après un bref intermède en Corée, prend sa retraite en 1956. Quittant cette terre en 1974, il laisse le souvenir d'un homme d'exemple, qui a toujours su dire non aux renoncements et aux capitulations.
Voici brièvement racontée l'étonnante histoire de ces valeureux Belges qui passèrent 10 jours de leur vie sur la Côte Fleurie dans des circonstances exceptionnelles, et marquèrent à jamais de leur empreinte, cette période de libération de notre région.
Ils payèrent leur action d'un lourd tribut : 16 blessés et 24 tués, dont beaucoup d'entre eux restent sur notre terre à jamais. Yves Aublet 1994 Extrait du bulletin d'information de l'association "Panorama" n°9 août 1997
Reconstitution des itinéraires : Gilbert Hamel - carte IGN n° 1711 ouest
Les soldats belges sur le pont entre Deauville et Trouville
Des soldats belges et luxembourgeois à Blonville-sur-Mer
Site Web sur la Brigade Piron : http://www.brigade-piron.be/
---------------------------- La patrouille de reconnaissance du ROYAL ULSTER RIFLES
Le 22 août 2004, une plaque était inaugurée à l’entrée du Pont de Trouville-Deauville - le « Pont des Belges », scellée à coté de celle qui rappelait le sacrifice de deux soldats de la Brigade Belge PIRON, Marcel FOURNER, de la Compagnie Indépendante, et Simon ROUCHE, du Belgian Group. Le Major Eric JOHNSTON, le Caporal Ernest SOUTHAM, le fantassin Brendon SCANLON, du 1er Bataillon Airborne du ROYAL ULSTER RIFLES, avaient trouvé la mort à la Maison de la Douane, proche du pont, lors d’une patrouille de reconnaissance, le 22 août 1944. JOHNSTON, commandant de la compagnie C, était tué sur place, SOUTHAM et SCANLON, grièvement blessés, étaient évacués et décédaient quelques heures après. Tous les trois reposent dans le cimetière du Commonwealth de Tourgéville. Leur patrouille, chargée de vérifier les informations fournies par la population civile et d’évaluer la présence allemande dans Deauville puis dans Trouville où les allemands s’étaient en fait retirés après avoir dynamité tous les ponts sur la Touques, progressait depuis l’église de Deauville, guidée par la Résistance locale et atteignait, par le boulevard Mauger, pour éviter les tirs d’un antichar prenant l’avenue de la République en enfilade, la Maison de la Douane. Repérés par l’ennemi, ils étaient pris pour cibles par un canon de 50, installé au centre de la Place Fernand Moureaux, sur la rive droite de la Touques. Plusieurs blessés, dont les deux radios, étaient de même mis en sécurité par le Sergent REDPATH, ainsi que par un français, blessé lui aussi, Georges CARDON, futur conseiller municipal, aidé par son fils Paul. La Compagnie C, à nouveau regroupée et réorganisée, constatait l’absence, coté Deauville, d’éléments allemands et passait le relais à la Brigade PIRON, qui allait prendre possession du secteur. Le commandement irlandais s’était établi dans l’ancienne résidence du commandement allemand, la villa STRASSBURGER, la Compagnie B occupait la position du Vieux Deauville sans difficultés: l’ensemble se repliait en amont de la Touques, laissant aux soldats belges le soin de « terminer le travail » et de libérer Deauville; c’est ce tout dernier souvenir qui restera gravé dans la mémoire locale pendant soixante années.
Deauville - La maison de la Douane en 1944
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