Le site des anciennes batteries d'artillerie côtière du Mont Canisy :

un lieu chargé d'histoires …

S'étendant sur les communes de Bénerville, Tourgéville, Deauville et St-Arnoult, le Mont Canisy sera, des siècles durant, un fief seigneurial. La Révolution Française provoquera, en 1793, le morcellement du domaine. Hubert de Mont Canisy, compagnon de Guillaume le Conquérant, reste ,  le plus ancien seigneur connu, le comte de Lauraguais en sera le dernier: ses terres lui seront confisquées et son château sera démonté …

Le "Grand Mont", la partie la plus à l'ouest de la colline, dominant la mer et le Pays d'Auge de ses 110 mètres, sera alors l'objet de destinées diverses:

- il sera d'abord partagé en parcelles, sous la Révolution, entre les Bénervillais; puis, inapte à la culture, il deviendra progressivement le domaine des chèvres et des moutons.

-  des carrières seront ensuite ouvertes: la pierre servira à la construction de villas de la future "Côte fleurie",  le caillou au remblaiement des chaussées …

- les militaires, enfin, exploiteront la position stratégique du site, précédés en cela, sous Louis XV, par Monsieur de Choiseul, Ministre de la Marine, qui, pour protéger les navires marchands empruntant le cours de la Touques et qui étaient régulièrement rançonnés par les pillards anglais, avait fait installer une batterie de couleuvrines sur le Mont. Puis, ce sera la Marine Nationale, pour protéger le filet de barrage du port du Havre et de la baie de Seine, avec deux batteries de  deux pièces, de 1916 à 1918.

 Puis, deux autres batteries, à l'approche du second conflit mondial: la première sur le Mont, de quatre pièces de 138 mm, opérationnelle à la fin de 1938, et la seconde , de trois canons de 75 mm, en bordure de mer, implantée en janvier 1940. Ces deux batteries auront le même objectif: la protection de l'estuaire de Seine et du port du Havre, elles abandonneront les lieux le 14 juin 1940. L'armée allemande d'occupation fortifia ensuite le Mont, dans le cadre du "Mur de l'Atlantique". On dénombre aujourd'hui pas moins d'une centaine d'ouvrages de tous types, dont six encuvements et trois casemates pour canons à longue portée, ouvrages qui seront répartis sur les vingt-cinq hectares du site, faisant du Mont Canisy le point d'appui le plus fortifié entre Le Havre et Cherbourg. De tous ces blocs de béton, envahis par les ronces et défiant le temps, la galerie souterraine reste l'élément le plus impressionnant, avec deux cent cinquante mètres de tunnels bétonnés, une cinquantaine d'alvéoles et six escaliers plongeant dans les entrailles  du Mont à 13 mètres sous terre.

 Subissant les bombardements alliés dès le début de 1944 et trop éloignée des plages de débarquement pour la portée de ses canons, la forteresse ne jouera qu'un rôle secondaire le 6 juin, face aux navires alliés mieux armés  et aux escadrilles de bombardement omniprésentes.

"Tiraillant" encore dans les jours qui suivirent, la garnison abandonnera les lieux sans combattre, dans la nuit du 21 au 22 août 1944.

 Le site sera ensuite "victime" des exactions les plus diverses: récupération de tous les matériaux, ferraillage (tous les ouvrages seront délestés de tous les éléments métalliques), squatters, saccage de la végétation, chasse, moto-cross, feux de camp … Divers projets immobiliers resteront heureusement sans suites.

Des milliers de tonnes de béton, dont on ne fait pas facilement "table rase", sauvegarderont finalement les lieux qui deviendront progressivement la propriété du Conservatoire du Littoral et un site naturel protégé … ce qu'il n'aurait jamais dû cesser d'être !

 

L'Association des Amis du Mont Canisy, liée au Conservatoire du Littoral par une convention, s'est fixée comme objectif la remise en valeur du site des anciennes batteries. S'y employant bénévolement depuis maintenant douze années, elle s'est attaché à dégager quelques ouvrages caractéristiques d'une architecture militaire malgré tout historique et à maintenir ces lieux en état de propreté: c'est ce que semble apprécier un nombre de plus en plus important de promeneurs et de visiteurs qui ont découvert ou retrouvé … les chemins de la Grande Butte !

 

Les Amis du Mont Canisy - 2006